mardi 22 mai 2012

le miso, ferment de la culture japonaise

Takahashi san enseigne le "repas japonais " à l'université d'Art et de Design  de Kyoto et invite régulièrement des professeurs spécialisés dans tout ce qui touche à l'alimentation traditionnelle japonaise.
Aujourd'hui c'est une grand-mère péchue qui va nous guider dans la production du miso maison.
Tout d'abord elle nous explique que les recettes en cuisine ce n'est rien , nous sommes réunis aujourd'hui tous ensemble et la connaissance passera par l'expérience commune que l'on vivra. ce sont nos doigts et notre cœur qui devront inscrire la recette dans nos mémoires et non quelques ingrédients sur un papier.
La nourriture est vivante , surtout le miso véritable bassin de bactéries qui évoluent à chaque instant, aussi cuisiner cela commence par aller chercher soi-même ses ingrédients, rencontrer ceux qui les font , c'est rentrer dans l'expérience de la cuisine, en choisissant des ingrédients vivants .
Chosir  des légumes de saisons, au printemps ceux-ci nettoient notre corps des excès de l'hiver ( senzai, fuki take..). Cuisiner c'est suivre la vie, médecine naturelle. Pour raviver notre appétit les parfums du printemps se font séduisants quant ceux de l'hiver sont plus discrets ' légumes racines) mais pour autant  généreux.
Cette grand mère nous rappelle que manger local permet de côtoyer les producteurs , de ramener la conscience de la vie dans nos assiettes. Cela  accompagne également l' adaptation naturelle du corps aux plantes consommées  et cela crée  avec le temps la vitalité nutritive des terroirs.
Si on arrête de consommer "terroir" on perd son identité en tant qu'homme relié mais aussi dépendant de la terre nourricière . On devient " sans terre" .
On doit toujours se poser la question de savoir d'où vient la nourriture que l'on mange, comment a t'elle été faite et refuser la nourriture industrialisée ou trop délocalisée , étrangère à notre corps et donc plus difficilement assimilable.

Le sel est un ingrédient nécessaire à la fermentation, les japonais pensent que c'est l'origine de la vie, celle des océans.  Ainsi le Japon se perçoit  comme une culture du vivant  car les japonais consomment cette alimentation fermentée depuis des siècles.
C'est inscrit dans leur corps mais aussi dans leur manière de penser, tout est transformation, impermanence  et pour eux la vie est mouvement.
Il n'y a pas d'ingrédients réellement bons ou mauvais ( au delà des excès cités ) , nous sommes un organisme en constante transformation, en constante fermentation , unique dans son équilibre et son déséquilibre et c'est en écoutant son corps , son intuition , son jugement que l'on peut lui donner ce dont il a besoin et qui évolue aussi en fonction des circonstances ( physiques mais aussi émotionnelles, géographiques...)
Le miso maison est sympathique mais cela ne vaudra jamais les miso traditionnels qui sont fait dans des lieux à forte concentration de bactéries.
Pour la leçon d'aujourd'hui nous avons reçu le Koji ( riz fermenté) du Korihiku , du nord du Japon, réputé pour avoir les meilleures bactéries :
Directions : 
Ingrédients : haricots 800 g / Koji 1kg / sel 500 g / bouillon 600 cc
On cuit les haricots 3 heures à l'eau ( démarrer à froid)+
On les mélange au sel et au koji +
On écrase les haricots au suribashi +
On pétrit ensuite moitié sel/koji et moitié boules de haricots , avec le centre de la main , sortie du Ki, la force vitale. Selon la professeur ceci insufle également de la force de vie à la nourriture , de la même manière si on cuisine avec le troisième oeil, celui du front et que l'on se concentre , on aligne naturellement nos chakkras et c'est tout notre corps qui se trouve lié à ce qu'on cuisine par le "tandem" ( centre énergétique , 2 cm en dessous du nombril, le même espace que l'oeuf de zazen)..
On ajoute petit à petit du bouillon de cuisson pour arriver à une consistance argileuse et on fait des boules que l'on jette dans une jarre en terre , et que l'on applati régulièrement.
On laisse 15 cm pour mettre un plastique et une pierre dessus, il faut faire très attention à ne pas laisser d'air.
Ce miso sera à consommer un an après au moins et jusque 3 ans après sa fabrication selon que l'on désire un goût plus ou moins sucré, ou plus ou moins fort ( plus vieux).
Aujourd'hui c'est un  jour de fête car on ouvre le miso de l'année dernière , deux jarres pour deux goûts différents , l'un est digne d'un grand munster ! un vrai régal, l'autre a un goût plus insipide , de l'air est passé et la fermentation ne s'est pas épanouie correctement.

cliquer sur la légende pour voir l'album de l'atelier 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire